Vendredi 19 octobre 2007

Aujourd’hui, contexte différent. J’étais à Fáy, mon lycée principal. En arrivant ce matin, j’ai cru avoir débarqué dans un lycée anglais. Tous les élèves en costumes ! Pour les filles, jupes et col marin, pour les garçons le costard. Ils étaient beaux ! J’ai vraiment regretté mon appareil. Je leur ai demandé de venir en cours de français toujours sapés comme ça. Mais j’ai des doutes… Crois pas qu’ils le feront.
Tout s’est bien passé jusqu’à une minette de 11/A me demande, paf comme ça, en début de 2ème heure : « ça veut dire quoi foutre ? » bon sang, j’ai foiré où, moi ? On était pourtant sur un jeu de rôle en 1ère séance, sur le thème de la personnalité ! J’aurais voulu photographier mon tableau en fin d’heure… Surréaliste… « Attention ! Vous voyez, connard devient connasse au féminin, et non connarde… Oui, Adám, c’est ça, mais généralement on ajoute les adjectifs sale, gros, ou pauvre, quand on traite quelqu’un de con ou de salaud… » J’ai aussi appris un tas de gros mots. Contente. Ensuite, les débutants ! On est sur le thème de la famille… Chacun m’a fait son arbre généalogique et me l’a expliqué. Rappelons que je suis blonde. Ai trop ri en découvrant un nouveau prénom hongrois : Emece ! Mon pauvre Botond. Il comprenait pas pourquoi je riais sur son arbre. En plus c’est un de mes - nombreux, je l’admets - chouchous. Il a fallu que j’explique ce que veut dire éméché… On a tous ri, le youpi.

Après ce cours, ça a été beaucoup plus sérieux. Pour la minute Histoire de Hongrie, mardi est férié, parce qu’on célèbre le 23 octobre 1956, date à laquelle le peuple a tenté une grande rebeyne (hop là, un mot de patois lyonnais) contre le gouvernement soviétique. Un massacre, bien sûr. Alors pour le dernier jour de classe avant cette journée, on se fait beau. Et on participe à la cérémonie en hommage à la révolution manquée.
Je crois que j’ai bien fait d’y assister. En petite Française, pour qui patriotisme est un mot galvaudé, sali par les pastilles Vichy, Pétain & Co. j’ai reçu une grande leçon… C’est la première fois que j’ai vraiment ressenti une différence culturelle majeure entre la France et la Hongrie. Chez moi, on a fait de la patrie un truc moche, mais ici, on a essayé de leur voler un sacré nombre de fois. Alors, la patrie, c’est important.
Tout les lycéens étaient regroupés dans le hall central, un peu le boucan, bien sûr. Me suis demandé comment les profs s’y prendraient pour faire taire 670 élèves ? Simple, ils ont lancé l’hymne national. Bluffée ! Aux deux premières notes, tout le monde s’est tu et s’est levé. Pas un bruit, personne pour pouffer ou même chuchoter. L’hymne c’est du sérieux. La suite aussi. Pourtant, un zygomatique français aurait été mis à rude épreuve après ça… Un garçon et une fille ont porté cérémonieusement le drapeau hongrois au centre de la scène, suivis de trois minettes en justaucorps GRS et rubans aux couleurs de la Hongrie. Petite chorégraphie, puis les trois se regroupent autour du drapeau, s’extasient dessus, font un tas de petits mouvements. Vous voyez ? Je trouve que des mots frisant le cynique en français alors que sur le coup, juré, c’était à la fois démentiellement kitch et super fort. Ensuite, textes, projections de photos, chansons (dont une magnifique, que j’ai déjà essayé d’apprendre)… Là encore, pas un élève pour se foutre du petit prof à tête de mulot qui a fait péter la guitare, ou de la prof de musique chantant un peu faux, sous le coup de l’émotion. Enfin, cérémonie des roses autour du drapeau. Les quelques élèves au centre, ayant chanté et lu les textes, se placent progressivement en rond autour du drapeau…. Et s’agenouillent !
J’imagine mal le lycée Jean Moulin de Lyon organiser une quelconque cérémonie en l’honneur de notre plus grand résistant, ou les élèves du lycée Branly la boucler pendant l’hymne national et aller baiser le drapeau à la fin… Pas les mêmes référents, pas les mêmes préoccupations et pas la même histoire. En tous cas, j’ai beaucoup aimé. Je pige mieux un tas de petites choses sur l’identité hongroise (pourquoi même les la-vie-c’est-nul-je-m’habille-en-noir ont un fanion de la Hongrie sur leur sac à dos, pour un exemple vraiment très con).

Et voilà, un avant-goût de vacances… un week end de 4 jours ! Enfin !

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