Lundi 10 décembre 2007

Une bonne nouvelle de notre atelier théâtre, de Fényi, mes petits loulous ont gagné le premier prix lors de leur fête au lycée, Ki mit tud (ça veut dire qui fait quoi). S’ils étaient pas mignons dans leur petits costumes d’époque…
Si je regarde global, et si j’oublie mes deux barbouzes de 9/A, ça se passe plutôt bien avec les gamins. Parfois pas facile de leur faire sortir une phrase, un mot, allez quoi, au moins un bruit, je sais pas, un gargarisme ? Dans l’ensemble, ils sont tous plus ou moins en bon état de marche. Et j’espère bien, tous les lundi matin, je casque un max de forintos dans leur photocopies (c’est trop le bouzin en ce moment pour en faire au lycée).
Oh ! Jeudi 6 décembre, Saint-Nicolas a débarqué dans ma classe. On me l’a fait pas à moi, hé je sais bien que t’es un élève de dernière année. Ce jour-là, il passait un peu partout distribuer des mots anonymes à leurs destinataires, qui eux étaient loin de rester anonymes, puisque le billet était lu devant tout le monde. Mais c’était pas trop grave, parce qu’après tu gagnais une papillote. Enfin là, le mot, il était pour moi ! Mais j’ai donné la papillote, j’aime pas ça.
« Camille Charles-nak ! Tu est la mieux proffesseur dans la tout l’école ! j’espère que tu te sente bien ici ! Je t’aime beaucoup ! Joyeaux Noël ! Bises ! Et je te remercie de tout au nom de notre classe ! »
C’est rrrô mignon ça, quand même !
Autrement, j’ai pu me consoler de ne pas être à Lyon le soir du 8 décembre en allant à l’Alliance, retrouver Agnès, Anne-Laure, Lisa et Myria, pour une soirée raclette. Enfin, soirée raclette à la hongroise, on se calme. Apéro à 17h, dîner à 19h, retour à la maison 21h. Youhou… Pour apprendre le lendemain que la presta de la batuc a été d’enfer, qu’Anto a dansé dessus, que les gens étaient de feu, ouais bon ça va ! Moi j’ai fini la soirée en regardant La revanche des Siths avec Agnès, c’était d’enfer aussi, okay !?… Baszd meg, c’est quand les vacances ?

Dimanche 2 décembre 2007

Intro sinistre : un drapeau noir flotte depuis quelques jours au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble. Je crois qu’un voisin est mort. En fait, c’est sûr, maintenant il y a un mot sur la cage d’ascenseur.
Intro mimi : la ville est très jolie, toute parée de ses décorations de Noël, et le tramway passe maintenant sous une voûte étoilée de petites lumières.

Une très bonne fin de semaine… pas trop de boulot, et une grosse envie de cocooning ! samedi, rien de nouveau sous le ciel de Miskolc : préparation des cours (bah oui, quand même) et film à la maison avec Agnès. En ce moment, on mange du Star Wars (et pas mal de bretzels…)
Et dimanche, aaaah dimanche ! Un vrai dimanche. D’abord, la sacro-sainte grasse matinée… jusqu’à 8h30 ! Une bonne douche, un petit tour sur Internet, pis direction le centre-ville. le 1er dimanche de chaque mois, il y a une chouette brocante sur la place de Saint-Étienne. On a flâné de stand en stand, j’ai un peu parlé avec un gars qui avait compris qu’on était françaises. Il a visité le pays en auto-stop il y a quelques années. C’est un peu dommage que ce soit toujours le 1er week end ce marché, on a jamais un forint à mettre pour la moindre babiole, c’est nul. Surtout qu’ici, les brocantes ne sont pas prises d’assaut dès 6h du matin par de crapuleux antiquaires ou de vieilles harpies. Enfin, j’ai quand même trouvé un joli cadeau pour ma môman… et elle saura pas ce que c’est. Eh non.
Ensuite, on s’est fait un petit resto en tête à tête, puis on a retrouvé Miguel et Francine pour aller boire un café, dans un salon de thé cossu qui vient d’ouvrir. Pas que ce soit ce que je préfère d’habitude, mais à ce moment précis, c’était trop bon de boire un (très) bon café, dans un bel endroit, avec de la belle porcelaine, et du vrai bon jazz en fond sonore… Et pour finir, on est parti écouter des chants de noël, dans la rue principale, pour ensuite faire le tour du tout petit marché de noël de Miskolc. Tranquilles qu'on était.

Jeudi 29 novembre 2007

La semaine coule tranquille… Et elle peut ! J’ai bossé comme une dingue ce week end, avec Agnès. Mon calendrier est prêt jusqu’aux vacances, et ma semaine au complet fignolée. On est pas sorti, rien, boulot et re boulot. Et comme les photocopieuses de mes 3 lycées se sont passées le mot pour vriller du toner en même temps – une sorte de suicide collectif – je suis allée dès lundi matin faire toutes mes photocop’ pour la semaine à mes frais, en magasin. Coûteux, mais ce fut le prix de ma sérénité.
Et je suis assez contente de mes préparations. Au programme, les émeutes de 2005 (avec NTM en intro, Qu’est-ce qu’on attend ?, appui du Zapping de l’année 2005, articles et dessins satyriques), des ateliers d’écriture (pour faire un recueil de productions écrites à la rentrée), Keny Arkana, la nouvelle Matin Brun, Renaud (dans ses débuts, faut pas dec’), le système scolaire français (oui, c’est pas drôle, mais j’ai fait de très jolis tableaux sur Word) etc. Z’en fichez, mais je suis contente, alors je l’écris.
Et dans le genre autosatisfaction complaisamment égocentrique, un de mes élèves d’Avasi, Péter, m’a dit que j’étais leur préférée. Et comme il est en 12, ça fait un moment qu’il en voit défiler des Français ! Héhéhé… Ah, d’ailleurs, cet élève, je lui dois une sacrée grosse chandelle en plaqué or. Il a accepté de passer s’occuper de Félisse pendant les vacances de Noël. Note pour moi-même : lui trouver un cadeau, arrivée à Lyon.

Défilé des ch'tits mimis

Vendredi 23 novembre

Où qu’on soit, le mois de novembre, c’est toujours un peu long, non ? Pis on s’est pas comment s’habiller… et ça, c’est encore plus vrai ici ! Enfin, généralement, c’est un beau soleil d’hiver qui accompagne la journée. Quand il fait frisquet de la nouille, mais avec un beau ciel, bleu glacé. J’aime bien ! Plus que les journées brouillard intense, lourd, épais, et bien humide (histoire d’avoir la goutte au nez… sensas’ quand 20 mouflets vous dévisagent). Le brouillard, le plus chouette, c’est quand il part ! il laisse tous les arbres pleins de givre, c’est trop mimi, ambiance carte postale.
Bref ! Vais pas m’éterniser sur la météo (qui n’est pas si terrible que ça finalement… enfin pour le moment). Surtout que ce vendredi a été plutôt marrant, dans le genre.
Cet après-midi avait lieu le concours de la chanson francophone au lycée Zrynyí. Pour mon poulain (car j’avais un poulain !) un échauffement pour le grand concours de Budapest, au mois de mars. István est venu à la maison mardi pour un dernier brief, accompagné de son pote Péter… pas facile Noir Désir, dans le genre. C’était tout bizarre de le voir chanter Comme elle vient, je l’ai chantée un sacré nombre de fois, moi… Enfin, aujourd’hui, il était quand même bien paniqué avant de monter sur scène. Surtout qu’il savait qu’il allait faire un peu tâche avec ses cheveux – il a une coupe d’enfer, asymétrique, peints en gris et bleu – et sa chanson de rock au milieu des chansons de variété. Un vrai casting de La Nouvelle Star en direct… un bonheur, si on le prend au 45ème degré. De la pouf en veux-tu en voilà, des chansons plus mièvres les unes que les autres, et quelques casseroles mal fagotées pour se marrer un bon coup. István s’est quand même payé un vrai coup de flip, et se souvenait plus des paroles. Et histoire d’en rajouter une mini couche, il était malade. Bref, pas terrible le résultat. Dommage, parce qu’il aurait pu cartonner. M’enfin vu la tronche du jury, c’était pas gagné quand même. De vrais cons, suffisants et vraiment cons (je l’ai déjà dit ?) Enfin, Agnès, qui s’est retrouvée juge au milieu de ces barbouzes, en parlerait avec plus de verve encore. Elle m’a fait hallucinée quand elle m’a dit, plus tard, de quels noms d’oiseaux elle avait pu les traiter en les écoutant délibérer… fascinant ! Heureusement, ils ne parlaient pas français.

Alors, pour me réconforter un peu, suis retournée à Fáy, pour y passer la soirée. Pas pour le fun hein, il s’y passait vraiment quelque chose ! C’était la cérémonie des Dernière Année, une sorte de bal de promo. Sauf que là, il y avait tout un tralala cérémonieux avant les festivités. Les élèves portaient leur uniforme (sorti uniquement lors des grandes occasions) et les profs s’étaient mis sur leur 31, ou leur 82, question d’appréciation. Tout a commencé avec les spectacles de chacune des classes de dernière année. Les miens, les 13/A m’ont soufflée ! Les filles étaient en princesses et les garçons en costard… pour présenter une scène de bal à la Sissi l’Impératrice. D’enfer ! D’autres ont fait des petits sketchs, d’autres de la danse un peu plus contemporaine… C’était à la fois kistshissime et émouvant. Des diaporamas de photos défilaient en fond, les élèves récitaient des textes clamant leur attachement à leur classe et leurs professeurs – il faut savoir qu’une classe, c’est un peu une famille ; les élèves restent ensemble tout au long de leur scolarité, et gardent généralement le même professeur principal aussi. Trop tendre.
Ensuite, on est passé aux choses sérieuses. Les représentants des classes ont offert un bouquet de fleurs à leur professeur principal, et celui-ci a rejoint sa classe, pour remettre à chacun son ruban, une sorte de brassard aux couleurs de la classe – préalablement dessiné par les élèves. Là, les parents se sont rués dans le hall central, et paie tes crépitements de flashs ! Chaque élève était appelé et se voyait remettre son ruban. Hé ! J’ai même eu droit au mien ! Celui des professeurs, et ouais. Trop fière. En me le donnant, les élèves de 13/A m’ont invité au grand dîner qui allait suivre. J’ai mal bouffé (c’est généralement pas terrible) mais bien rigolé. Une occasion de discuter avec les profs de Fáy, rarement loquaces, et de boire un verre (ou deux) avec mes élèves. Je les aime trop ceux-là ! Et bien que le repas ait été dégueulasse, j’ai apprécié que les élèves de 10/A soient de service ! Carton lol de les voir en pingouins, tout à mon service. Eux, je les aime moins…
J’ai refusé de les accompagner pour la suite des évènements. Une soirée au Rock Well, la boîte du campus universitaire. J’ai déjà donné.

Mardi 20 novembre

Aujourd’hui, j’ai séché l’école ! Et m’en suis allée à Budapest. Un peu la boule au ventre, tout de même, c’était le jour du Conseil d’Administration de la FFHJ (Fondation Franco-Hongroise la Jeunesse) mon employeur. Et j’y allais en temps que représentante de mes collègues JD. Ça en jette, mais pétard, j’ai pas trop fait la fière durant le trajet. Alors j’ai lu et relu mon compte-rendu… un peu de boulot de collecter les bilans de chacun et d’en faire un papier à lire devant une assemblée de quinqua’ en costard.
Enfin, j’ai retrouvé Zsuzsanna, la secrétaire de Magda, une minette toujours souriante, et on est allé ensemble trouver les locaux de la Fondation. Rien que de se promener dans le quartier des Affaires, autour du Parlement, c’était un poil déstabilisant.
On était les premières et les gens sont arrivés petit à petit. J’ai tout de même serré la main du Ministre de l’Education Hongrois ! Et que du beau monde. Des ministres, des hauts fonctionnaires, un ancien attaché de l’UNESCO, des attachés de l’Ambassade de France, de Hongrie, le directeur de l’Institut Français etc. Je priais fort pour me transformer en petite souris… mais inlassablement, Magda me présentait à tous. Heureusement, cette année, on fêtait les 15 ans de la Fondation, et de la collaboration franco-hongroise pour l’Enseignement. Chacun a donc pris le temps de faire un petit discours émouvant pour l’occasion. Les quinqua’ en costard en devenaient un peu moins effrayants.
Mon tour arrivé, je me suis étonnée, parce que pour une fois, ma voix n’a pas tremblé. Et j’ai à peu près réussi à garder un teint plus proche du rose saumon que du rouge pivoine. Le plus déstabilisant finalement, c’était la grosse (mais jolie) voix de mon voisin, qui traduisait en simultané. Et les quinqua’ ont même rebondi sur les propositions, quant à notre arrivée en Hongrie – Oui, c’est très intéressant, Mlle Charles, nous pourrions peut-être proposer un « kit de survie pédagogique » aux futurs JD – et au sujet de notre prime de départ : plus de forint pour ceux qui restent ! Ben c'est bon, au lieu de 700ft, on touchera 1500ft. Bon, c’était pas si compliqué…

Samedi 17 novembre 2007

C’est sans doute parce qu’il neige (on en a de la chance !) mais l’ambiance est au confinement ! Chocolats chauds et vidéos… et boulot.
Mais j’aime bien ça, préparer tout bien comme il faut, rendre le truc cohérent et attrayant (enfin, autant que faire se peut)... C’est peut-être pas plus mal l’exil, on focalise plus aisément sur sa mission première ! En tous cas, ça se passe plutôt bien. Voire de mieux en mieux. La prépa des cours, comme le feeling avec les élèves. Mardi, première sortie scolaire. C’était pas gagné, vu l’efficacité de ma supérieure, mais on y est arrivé ! On s’est dégoté un bus grâce à Csilla, la coordinatrice d’Agnès, et on a emmené nos gamins au FrancoForum, un salon étudiant avec des grandes écoles, des universités et des entreprises françaises ou francophones. C’était pas Euro Disney, c’est sûr, m’enfin bien quand même. Et comme ça se passait à l’Institut Français, on a pu montrer à nos chefs comme on était de bonnes petites JD. On a surtout eu du temps pour se mettre à jour de l’actu française, en achetant le Canard Enchaîné et Charlie Hebdo, et d’aller boire un canon avec Csilla (une sacrée boute-en-train) et Michael, gentil JD rigolo de Káposvar. Histoire de se remettre des nouvelles de Mère Patrie… Est-ce que vous saviez que, prononcé à la française, Sarkozy ça veut dire « entre merdes » ?

Quand même hâte que les vacances de Noël rappliquent ! Enfin, même à court terme, on s’est prévu un truc sympa avec Agnès. Marre des sempiternelles mêmes soirées du samedi ! Ce soir, on a proposé bowling ! Et comme la dernière fois qu’Agnès a lancé une boule elle a crevé le parquet, ça risque d’être funky.

Dimanche 11 novembre 2007

J’étais loin d’être a jour dans mon boulot... risquais donc pas de l’être pour le blog. Mes excuses.

Bref, ces vacances de la Toussaint ont fait pas mal de bien. C’était bon de revoir des têtes (bien bien) connues ! Lundi 29, arrivées à Budapest, Agnès et moi, on a finalement dégoté un bus qui allait à l’aéroport. Tout pareil comme dans les films, pour attendre l’être cher à la porte du Terminal… coooooool… je vous passe les effusions des retrouvailles.
On a passé deux jours sur Budapest, à jouer les parfaits touristes. Elise, une collègue, nous avait prêté son appartement. Ce qui était plutôt très sympa de sa part. On avait donc plus qu’à marcher de long en large dans la capitale… Buda est définitivement plus agréable que Pest. Des collines, des maisons, des arbres, le Pavillon des Pêcheurs, la vieille ville… ce côté-là est chouette. Pest, c’est plus… soviétique ? De grands immeubles, de grandes avenues, de grandes statues. Avec quelques anecdotes bien sombres. Dans le genre, on a visité La Maison de la Terreur, au 60 de l’avenue Andrássy, qui a réellement servi à la Terreur de la Seconde Guerre, comme bastion des organisations nazies hongroises, et qui, par la suite, a servi de QG à l’ÁVO puis à l’ÁVH, organisations communistes tristement renommées. Musée magnifique, bien que très chargé. Difficile, notamment, de « visiter » le sous-sol, ses cellules d’isolement et ses salles de torture. Dans le genre plus léger, on a assisté au tournage d'une pub, ambiance flocons de neige.
Puis retour à Miskolc, pour une semaine et des cacahuètes. Ça m’a permis de visiter enfin quelques endroits encore non explorés ! Je savais pas, moi, que j’habitais près du plus bel endroit de Miskolc ! La colline de Ávas est trop belle. De petites maisonnettes, des arbres aux couleurs de l’automne, les vieilles caves à vin, une vue imprenable sur la ville… et un cimetière à visiter absolument de nuit. Il est magnifique. Surtout que notre première visite s’est faite après la Toussaint. Des lumignons rouges sur toutes les tombes, des fleurs de partout, de très vieilles tombes du XVII° siècle. Mood garanti.
Enfin, on a fait des trucs normaux aussi. Des balades dans la ville, quelques bars et soirées, une pique-nique au château de Dyösgyör…et les copains sont allés à Tapolca, profiter des bains dans les grottes (pendant que je bossais, les petits saloupiauds !) Bref, une semaine de vacances bien remplie, et une semaine de rentrée difficile à gérer… Heureusement, mes trois compères m’ont accompagné à quelques cours. Plutôt marrant pour le coup !
Et ils sont partis. Snif ! Félisse contente, elle.

Dimanche 28 octobre 2007

Voilà, les choses un peu sérieuses commencent, on a eu notre premier cours de hongrois vendredi ! C’est Atilla qui s’y colle.
C’est devenu un peu moins sérieux quand il nous a proposé une soirée chez Rita le soir-même. On pourrait croire que le week end commençait… Que nenni ! En Hongrie, on rigole pas avec les ponts et les jours fériés. Alors pour avoir la paix la semaine prochaine, il va falloir se lever ce samedi matin et aller au turbin ! Pour oublier cette idée fort désagréable, on a accepté de rejoindre nos Hongrois à la petite sauterie… Et sans culpabiliser. Enfin, moi non, Agnès, un peu. Ce qui fait la ch’tite différence, c’est que dans mon cas c’est ma classe des 11A qui, le vendredi même, m’a avertie… et m’a suppliée de me lever le lendemain ! Dans le cas contraire, eux resteraient au lycée et auraient cours avec un autre, certainement avec Judit. J’ai cédé, les pauvres ! Cette grognasse… C’est à elle de me dire ce qui se passe, normalement. Ne m’étendrai pas sur son cas, vais devenir mauvaise. Bref, m’en foutais d’être vaseuse, j’ai prévu Shrek 2 pour les 11A et le Roi Lion pour les 9A... C’est marrant, mes chouchous s’arrangent toujours pour s’asseoir à côté de moi, durant nos séances ciné. Áron, mon chouchou de 9A, s’est même parfumé samedi !
Et comme on a beau râler, mais qu’on a rien à faire d’autres que zoner dans nos lycées, samedi soir, on est passé à la fête d’Halloween qu’organisait le lycée Avasi. Super déco, concours de costumes, Les noces funèbres de T.Burton en projection pour l’ambiance, et des lycéens survoltés… Enfin, comme on était dans le camp des vieux, des relous, des ceux qui peuvent pas se lâcher quoi, on est parti tôt. J’ai quand même profité de notre escapade pour piquer de nouveau le super poste audio des profs de français (en prenant soin de laisser un petit mot à Dóra). C’était pas facile avec tout la Sécu engagée pour la soirée… On se fait peur comme on peut ! Rentrées à la maison, j’ai pu contaminer Agnès à Daria… Tout comme elle m’a donné le virus des Sunshine Underground. Hé ! Y’a pas de raison, c’est donnant-donnant !

Demain, enfin les copains arrivent ! On part à Budapest en début d’après-midi pour les retrouver. On s’est arrangé pour dégoter un squat. Elise, JD solidaire, nous donne les clefs de son appartement pour lundi soir. Plutôt méga sympa. Mais c’est bizarre, je n’arrive pas à me faire à l’idée que demain, je vais retrouver Didine, Meud et Djidjo ! J’ai pourtant eu quelques temps pour me préparer, mais non ! Enfin c’est d’enfer…

Jeudi 25 octobre 2007

Le week end s’est terminé par une lobotomie.

Dimanche soir, on s’est fait un petit resto – ben quoi ? On a les poches remplies de tickets resto, faut bien les utiliser, nan ? – et Agnès est venue à l’appart’. On s’est gentiment regardé Walk the line… 3 mois que je n’avais pas vu un seul film ! Alors que d’habitude, enfin vous savez déjà.
Bonheur, donc. Mais c’est que du coup, Agnès a pris goût au canapé, à Féfé, aux films, tout ça, alors on a recommencé lundi soir. Petit souci technique, le PC n’a pas accepté Fight Club, le vilain. Du coup, j’ai sorti mon plan B (toujours avoir un plan B) et ai exposé tous les bienfaits de la série télévisée sur nos vies misérables à Agnès. Qui s’est laissée prendre... Tellement prendre qu’on a regardé Heroes jusqu’à l’aube ! Impossible de décrocher… J’aurais cru qu’elle m’en voudrait à mort le lendemain, la tête dans le patchouli, mais nan ! Elle en a redemandé ! On a donc repris la Saison 1 vers 13h… pour finir à 23h… Sauf que là, on avait cours le lendemain. Pas facile, facile. Surtout quand tu t’es farci 20h de « youpi, j’ai des super pouvoirs ! » et que toi, t’es pas fichue d’assurer un Petit Bac avec ta pauvre craie ! Si, si, on a culpabilisé quand même.
Tellement qu’aujourd’hui, pour que le Saint Patron des Pédago me pardonne, j’ai utilisé mon joker. Mon jeu « Il était une fois »… il a fait un carton. Les gamins ont assuré, se sont bien marrés, et j’ai eu de chouettes histoires. Tout le monde il est content. Vais me coucher satisfaite, une fois n’est pas coutume !

Gábor, samedi soir...

Atilla, samedi soir...

Samedi 20 octobre 2007

J’ai eu tort de m’inquiéter pour les cafards, cette semaine ils refont garden party dans la cuisine… Comme toute grasse matinée qui se respecte en Hongrie, me suis levée à 7h45. Ménage, petit mot aux voisins pour leur conseiller de partir en week end – pas de bol, certains m’ont répondu qu’ils bossaient dimanche matin, ça va être jojo – et dernières courses… ça rigole pas, j’organise ma première soirée. Ça me manquait presque, tiens ! Petit problème, on a averti un peu trop de monde… une vingtaine clampins devraient venir.
En fin d’aprèm ont débarqué Maëlle, Sarah (des JD en vadrouille) et Agnès. Et petit à petit tous les autres ! C’est ça, une vingtaine de personnes… Comment ça peut se résumer une soirée ? On s’est bien marré, on a bien chanté, on a bien mangé, on a bien bu ! J’avais fait une mixture orientale qui a fait son petit effet à l’apéro (merci maman!) et deux gratins dauphinois (sans vrai crème fraîche ça tient de l’exploit) et les Allemandes avaient préparé un super gâteau au chocolat. Sans compter toutes les merdouilles que chacun avait apportées.
La maison s’est vidée au fil de la soirée… Gábor et son pote sont restés jusqu’à 3h du mat’ ! Mais ils seraient bien encore un peu restés, si Maëlle et Sarah n’étaient pas en train de tomber de sommeil (la vadrouille ça fatigue, et elles habitent pas à côté).
Même pas la gueule de bois ce matin. On s’est levé vers 10h, on a bu le café, parlé chouilles et élèves (au fil de la conversation, c’est pas incompatible !) et les filles ont repris leur sac à dos. Suis allée jeter mes 5 poubelles de festivités… et remontée chez moi, j’ai vu du balcon un gamin fouiller le container, éventrer mes sacs avec son bâton, et récupérer quelques pop corn et bouts de pain. Quels mots, pour quels commentaires ?

Vendredi 19 octobre 2007

Aujourd’hui, contexte différent. J’étais à Fáy, mon lycée principal. En arrivant ce matin, j’ai cru avoir débarqué dans un lycée anglais. Tous les élèves en costumes ! Pour les filles, jupes et col marin, pour les garçons le costard. Ils étaient beaux ! J’ai vraiment regretté mon appareil. Je leur ai demandé de venir en cours de français toujours sapés comme ça. Mais j’ai des doutes… Crois pas qu’ils le feront.
Tout s’est bien passé jusqu’à une minette de 11/A me demande, paf comme ça, en début de 2ème heure : « ça veut dire quoi foutre ? » bon sang, j’ai foiré où, moi ? On était pourtant sur un jeu de rôle en 1ère séance, sur le thème de la personnalité ! J’aurais voulu photographier mon tableau en fin d’heure… Surréaliste… « Attention ! Vous voyez, connard devient connasse au féminin, et non connarde… Oui, Adám, c’est ça, mais généralement on ajoute les adjectifs sale, gros, ou pauvre, quand on traite quelqu’un de con ou de salaud… » J’ai aussi appris un tas de gros mots. Contente. Ensuite, les débutants ! On est sur le thème de la famille… Chacun m’a fait son arbre généalogique et me l’a expliqué. Rappelons que je suis blonde. Ai trop ri en découvrant un nouveau prénom hongrois : Emece ! Mon pauvre Botond. Il comprenait pas pourquoi je riais sur son arbre. En plus c’est un de mes - nombreux, je l’admets - chouchous. Il a fallu que j’explique ce que veut dire éméché… On a tous ri, le youpi.

Après ce cours, ça a été beaucoup plus sérieux. Pour la minute Histoire de Hongrie, mardi est férié, parce qu’on célèbre le 23 octobre 1956, date à laquelle le peuple a tenté une grande rebeyne (hop là, un mot de patois lyonnais) contre le gouvernement soviétique. Un massacre, bien sûr. Alors pour le dernier jour de classe avant cette journée, on se fait beau. Et on participe à la cérémonie en hommage à la révolution manquée.
Je crois que j’ai bien fait d’y assister. En petite Française, pour qui patriotisme est un mot galvaudé, sali par les pastilles Vichy, Pétain & Co. j’ai reçu une grande leçon… C’est la première fois que j’ai vraiment ressenti une différence culturelle majeure entre la France et la Hongrie. Chez moi, on a fait de la patrie un truc moche, mais ici, on a essayé de leur voler un sacré nombre de fois. Alors, la patrie, c’est important.
Tout les lycéens étaient regroupés dans le hall central, un peu le boucan, bien sûr. Me suis demandé comment les profs s’y prendraient pour faire taire 670 élèves ? Simple, ils ont lancé l’hymne national. Bluffée ! Aux deux premières notes, tout le monde s’est tu et s’est levé. Pas un bruit, personne pour pouffer ou même chuchoter. L’hymne c’est du sérieux. La suite aussi. Pourtant, un zygomatique français aurait été mis à rude épreuve après ça… Un garçon et une fille ont porté cérémonieusement le drapeau hongrois au centre de la scène, suivis de trois minettes en justaucorps GRS et rubans aux couleurs de la Hongrie. Petite chorégraphie, puis les trois se regroupent autour du drapeau, s’extasient dessus, font un tas de petits mouvements. Vous voyez ? Je trouve que des mots frisant le cynique en français alors que sur le coup, juré, c’était à la fois démentiellement kitch et super fort. Ensuite, textes, projections de photos, chansons (dont une magnifique, que j’ai déjà essayé d’apprendre)… Là encore, pas un élève pour se foutre du petit prof à tête de mulot qui a fait péter la guitare, ou de la prof de musique chantant un peu faux, sous le coup de l’émotion. Enfin, cérémonie des roses autour du drapeau. Les quelques élèves au centre, ayant chanté et lu les textes, se placent progressivement en rond autour du drapeau…. Et s’agenouillent !
J’imagine mal le lycée Jean Moulin de Lyon organiser une quelconque cérémonie en l’honneur de notre plus grand résistant, ou les élèves du lycée Branly la boucler pendant l’hymne national et aller baiser le drapeau à la fin… Pas les mêmes référents, pas les mêmes préoccupations et pas la même histoire. En tous cas, j’ai beaucoup aimé. Je pige mieux un tas de petites choses sur l’identité hongroise (pourquoi même les la-vie-c’est-nul-je-m’habille-en-noir ont un fanion de la Hongrie sur leur sac à dos, pour un exemple vraiment très con).

Et voilà, un avant-goût de vacances… un week end de 4 jours ! Enfin !

Jeudi 18 octobre 2007

Semaine à la fois exténuante et très sympa… Bon, c’est pas le trou, mais le tampax (toujours la douce Agnès). Jeudi, était organisée une Rencontre Interclasses avec les apprenants de français du lycée Avasi. Bonne idée, si ce n’est qu’on m’avait commandé une conférence (rien que ça) sur Lyon. C’est qu’il y en a des choses à dire sur Lyon ! C’est marrant, quand j’ai rencontré Quentin, à Budapest, la première chose qu’il m’ait demandé c’était : « Dis, toi aussi, tu les bassines avec Lyon ? Moi j’arrête pas, j’aime trop, quoi ! » L’ai rassuré, Agnès, tout le monde, ils n’en peuvent plus... Là, au moins, j’allais pouvoir m’exprimer héhéhé ! Mais alors, le boulot ! Trouver les infos, les trier, me faire des fiches thématiques, créer les PowerPoint, un peu stressant pour le coup. Mais moi, maintenant, je sais comment sont nées les papillotes ! Si vous êtes sage, je vous dirai, c’est une belle histoire.

J’ai été plutôt étonnée par l’organisation. Ici, il n’y a pas beaucoup de moyens. Mais tout le monde y met du sien. Les toasts, les boissons, la réorganisation de la salle, tout se fait ensemble. Les élèves comme les professeurs. Y’a ce petit côté collectif et solidaire, que j’aime bien. Peut-être un relent de l’idéal communiste ?
Bref, après un jeu collectif, le moment crucial est arrivé… Je l’ai un peu repoussé grâce à ma botte secrète : la chanson de Camille, Paris, qu’on répète depuis 3 semaines ! Les élèves se sont lâchés, et les prof ont adoré la mélodie franchouniaise. Cool ! Galvanisée, j’ai jeté mes fiches et improvisé sur les projections de photos et de résumés que Dénes, un de mes chouchous, faisaient tourner. Ai ajouté des anecdotes marrantes, fait un peu la mariole, histoire de les tenir en haleine (c’est pas que le XVII° siècle à Lyon soit pas intéressant m’enfin) et ça s’est finalement très bien passé. Les élèves ont applaudi, tout ça, vraiment contents. Nan c’est vrai ça faisait sincère ! Ils l’ont même fait deux fois, alors. On a tous notre quart d’heure de gloire… Moi c’était devant une petite cinquantaine d’ados hongrois. Voilà. Ils ont voulu rechanter… J’ai espéré que ce serait la dernière fois que j’entendrai cette foutue rengaine… Les prof ont de nouveau secoué leurs têtes. Beau moment, j’ai rarement l’occasion de vraiment discuter et partager des moments hors classe à Avasi, je n’y suis que le jeudi matin. Vous les verriez, des choux à la crème, même ceux qui ont les cheveux gras. La semaine prochaine, je cours remplir quelques formulaire d’adoption.

Dimanche 14 octobre 2007

Après une journée de remue-méninges et une soirée comme ça, on dort bien… sauf qu’il a fallu se lever ! Deuxième journée de formation. Vaillants, on a tous pris nos pieds à 8h et youkaïdi. Encore un peu de blabla pour la forme à l’Institut, puis formation Théâtre, avec Laurent, super intervenant. Le pied. Je pense pas pouvoir appliquer la moitié de ce qu’on aura vu dans mon atelier théâtre, mais je vais essayer ! Même les plus réticents se sont prêtés au jeu, c’était vrai chouette. L’après-midi, on avait possibilité de jouer les touristes. On s’est pas gêné. Grâce à deux anciennes JD (Il y a peut-être vingt ans de ça !) on a pu faire le tour de Budapest en car, faire des petites pauses et photographier le tout à côté des Jap’. Mais nous, c’était forcément mieux, parce qu’on avait une guide complètement allumée, très drôle et un peu trash. J’ai beaucoup aimé l’histoire du pauvre gars enfermé dans un tonneau orné de gros clous… « Ah ! Et il est mort vous savez ! » suivi d’un petit rire. Pour la soirée, demi-finale de rugby oblige, tout le monde avait réservé sa table au bar resto de l’Institut Français… Un peu blasés sur le coup, il a fallu qu’on trouve un autre plan, et on a fini par manger dans une crêperie dégueulasse. Mais à flâner, on est tombé sur une brasserie belge ! Bonheur, de la bonne bière ! J’ai pris la Bière du Corsaire, et j’ai (forcément) gardé la bouteille. On était qu’un petit groupe de JD, mais AJT… Bonnes discussions, bons délires, que du bonheur, les enfants. Même qu’Olivier veut être mon coach pour la pêche au Gábor. Olivier c’est un peu Brel en plus cynique. Lui et Greg (un petit gars terrible aussi) nous ont donné l’adresse de types en coloc’ près d’Astoria, pour voir le match. Bon, je passerai sur la boussole que n’a pas Agnès, sur le fou rire qu’on s’est payé avec Laure sur le sujet… On est arrivé à bon port, finalement, et on s’est retrouvé dans un remake de l’Auberge Espagnole. Une coloc’ de cinq gars, qui en avaient invité 32 autres pour la soirée, venant de partout partout en Europe : Un des coloc’, Quentin, venait de Lyon ! Et du 5ème en plus !… On a à peu près réussi à tenir dans l’appart’, et on a pu regarder la deuxième période. Pas terrible le match, hein ? Enfin, ça a surtout été sympa pour l’ambiance estudiantine. Ca sentait l’année festive pour eux… Mais nous aussi, hé, on sait faire ! De retour à l’hôtel, je sais pas comment, mais presque tous sont arrivés au même moment, Minuit. Le deuxième effet Citrouille ? Alors, contents de se retrouver, on a fait un tour-squat des chambres avec quelques chips-bières-vin, au gré des envies de dormir de chacun, pour finalement clôturer à 3h du matin. Allez, quoi, c’est pas tous les jours ! Bordel de cul de mammouth (dixit la douce Agnès)
Une fin de semaine comme on les aime ! Suis sur les rotules, mais c’est ça qu’est bon... Aujourd’hui, on y est allé tout doux ! Nous sommes levées en fin de matinée, avons tranquillement déjeuné en terrasse au soleil sur Moskva Tér, puis pris notre train à 14h35. L’hiver vient doucement, on le sent dans l’air...
Bonne nuit !

Je m’interroge. Où sont passés mes petits amis cafards ?

Samedi 13 octobre 2007

Ce vendredi matin, on s’est levé (trop) tôt avec Agnès, pour prendre notre train de 6h28, direction Budapest. Mais comme c’était pour une chouette occasion on a même pas (trop) râlé ! Et organisées que nous sommes, on a pu se permettre un p’tit café avant de retrouver tout le monde. Bien sympa d’ailleurs de pouvoir revoir tous les JD, et de rencontrer ceux qui rempilent pour une deuxième année (que comme quoi ça se fait). On a retrouvé notre Thierry adoré qui nous a fait la visite du CIEF et de sa médiathèque, puis du verbiage sur le comment du pourquoi enseigner avec deux autres intervenants, et gnagna gni et gnagna gna. Saoulant. Mais nécessaire ? Je ne sais pas. Puis trois heures pour faire une fiche pédagogique… Heureusement, Olivier avait décidé de faire chier l’intervenante et ça a mis un peu de piment dans l’affaire. Il est dingue. Enfin, plutôt contents que la fin de journée ramène se fraise ! Ca nous a permis d’aller boire quelques pintes dans le pub, près de notre hôtel, et d’enfin parler de choses importantes et subtiles : C’est quoi le prix de la brune ? Tu connais la Roumanie aussi ? Et toi tes élèves y te kiffent ? Du concret, donc. Pis dîner arrosé. J’ai invité tout le monde samedi prochain du coup.

Jeudi 11 octobre 2007

Question gastronomie, c’est rarement la panacée... Riz à la maison, kebab au Gyros, gros craquage !! Alors hier, on est retourné au petit resto de Dimanche ! J’ai eu droit a un camembert avec de la confiote aux fruits rouges... Huuuuumm... ca a l’air de rien comme ca, mais pinaiz, comme c’était chouette ! Le bien aussi, c’est qu’on est venu accompagnées des Allemandes et d’Anne-Laure, une nouvelle volontaire de l’association où les filles bossent... une Francaise de plus, donc ! Un peu hippie sur les bords, ca rappelle bien des choses.
Aujourd’hui, tranquille, je suis à Avasi. Les profs ont décidé de m’aider à apprendre le Hongrois (je galère un poil, c'était folfklo) et avec les élèves on a chanté. Cette Camille avec son Paris Paris commence d’ailleurs à me foutre les boules ! Mais pourquoi je fais chanter la même chanson à quatre classes aussi... Trop mignons mes petits 9/2 : "Madame professeurrre, nous vous invitons a notre fete des 9 vendrrredi a 17h". Mais dommage, demain, pas d'éleves ! Agnes et moi, on va à Budapest, pour un stage de formation, ca c’est chouette rien à redire, mais pour être à l’heure (ca se fait entre gens biens !) on doit choper un train à 6h28. Le youpi.

Dimanche 7 octobre 2007

Une semaine un peu comme les autres, des coups de speed, des petites lenteurs, des gamins qu’on aimerait bien leur arracher les dents des fois, et d’autres qu’on pense faire une demande d’adoption pas tard !
Vendredi, gentilles comme on est, on a donné dans l’atelier Chanson à l’Alliance pour les élèves de nos lycées. Rendez-vous donné à la fontaine de Centrum ; 16h30 j’ai retrouvé mes débutants de Fáy, et youkaïdi, on est parti. Agnès était déjà là, à préparer les textes à trous de Cendrillon (mais si, enfin, Téléphone) et J’adoooooooooore ! (mais si, voyons, Philippe Katerine) mais pour celle-là, les gamins ont moyen compris le côté cocasse… et nous, on a bien rigolé de voir les p’tits mecs taper dans les aigus. Pour ne pas râler, je ne vous dirai pas qu’à l’Alliance, ils avaient prévu ça « en notre honneur », comme le soulignait le mail passé à tous les profs de français de Miskolc, sans pour autant nous en faire part à l’avance, et en nous demandant ce qu’on aurait aimé organiser. Ou bien si on avait quelque-chose de prévu ce vendredi soir. Et, bien sûr, on avait quelque chose de prévu. Hé ho ! Vendredi soir tout de même… Heureusement, les gones avaient tous un tas de trucs à faire, on s’excuse madame, alors on a pu partir tôt aussi ! Un p’tit kebab pour la route avec Agnès et trois de mes élèves de 11ème année (marrant de pouvoir discuter en dehors du lycée) et 20h débarque, avec Atilla, Eva et Rita – Hé, j’avais jamais remarqué que ça rimait. Cette semaine, c’est le Rocktober Fest à Miskolc ! Et ce soir, ça envoie du gros il paraît. Toute la semaine à attendre ce foutu vendredi soir… je dis youpi. On a pris le bus jusqu’au campus universitaire pour retrouver Gábor, au fameux Rock Well. Qui, une fois l’an, peut enfin faire valoir son nom (rappelons que d’habitude, ils versent plutôt dans l’ambiance Pastoral Pastèque Club, pour la dédicace).
Du monde de partout ! Des chevelus, des emo, des gothiques, des passe-partout, et nous, les profs. Trois profs qui s’amusent, ça passe pas vraiment inaperçu… Les (nombreux) élèves étaient contents de nous voir… ou carrément étonnés qu’on ait une vie. ils m’avaient saoulée toute la semaine avec les Hooligans, la furie sous le chapiteau !… Bref, bonne ambiance, des groupes moyens (décidément le rock mélodique, moi…) et des gras bons de Métal et de Punk. Les finances étant au plus bas, on s’est contenté de quelques verres ! Pis vers 1h30 on est rentré… C’est pas le tout, mais va falloir les faire bosser ces petits, lundi. Toute la semaine d'ailleurs...
Point trop n’en faut, ce samedi matin j’ai pris le temps de bouquiner mon roman sur Brel, j’ai fait un poil de ménage, des câlins à mon chat, et bossé sur ma conférence sur Lyon. Ah oui, c’est que jeudi 18, il y a une après-midi spécialement pour mes classes de Avasi, avec chansons françaises, jeux… et conférence sur ma ville. Un peu de civi’ ça fait jamais de mal. C’est dingue comme c’est chouette Lyon. J’aimais déjà, persze, mais à bosser dessus, j’apprends un tas de trucs.
Et forcément, le soir venu, soirée chez Atilla… On change pas une équipe qui gagne. Agnès aurait pu se passer de cette soirée, la pauvre. Elle a malencontreusement appris que son nounours, celui qu’elle traîne depuis 25 ans, son Poutou, et ben en hongrois, il s’appelle « p’tite bite ». Pas cool !… Moi, sous la table. Pour leur rendre la pareille, on leur a dit que leur petit singe qui se suce le pouce (qui n’a pas eu un Kiki ?) et ben chez nous aussi ça veut dire « zizi ». Non mais ! Donc voilà, tout le monde traumatisé. Mais bonne soirée. Et même qu’un jour, on comprendra ce qu’ils disent.
Pour ne pas jouer les princesses pour une énième fois – nan, juré c’est gênant de se faire payer le taxi pour rentrer chez soi, si ! – j’ai dormi chez Agnès, qui habite plus près. Et comme on avait aucune envie de se retrouver seules chez soi le dimanche, on a tenu un siège dans le petit bar resto de la Terrasse Szinva. A papoter tout l’après-midi. Et en plus, on a bien mangé.

Lundi 1er octobre 2007

C’est toujours animé en bas de chez moi aux alentours de midi. Un tas de gens viennent avec des sortes de teupeurwères à plusieurs étages, se les faire remplir derrière le comptoir. Une soupe populaire ?… Ok, ok, je vous raconte mon samedi soir, c’est plus marrant. C’était juste pour la minute Civilisation.

Or donc ! C’est bien sûr notre cher Atilla qui nous a sauvé des Griffes de l’Ennui. On avait rendez-vous à la fontaine de Centrum. Damned ! Il y a Gábor ! Gábor ! Ca n’a pas manqué, j’avais les jambes qui flageolaient, le ventre qui faisait des guilis... Aaaargh ! Ils nous conviaient à un concert gratuit dans un parc, le Bikini… On a pas eu l’air con quand on a demandé où était le Bikini… Ah c’est donc un groupe ?! Des bons sexagénaires, ranimant la flamme des vieux fans de Rock mélodique… Bikini. Le plus sympa c’était surtout de voir toute notre petite troupe chanter leurs vieux tubes !… Nous, on a tout misé sur le yaourt. Marrant. Je vous ai dit que Gábor était trop beau quand il chantait ? Bref, on a bu quelques bières, et après un Unicum, la musique nous a semblé bien meilleure. C’était triste à dire, mais l’alcool est toujours un argument d’incitation massive.
Comme le concert touchait à sa fin (le chanteur devait souffrit d’arthrite) il a fallu trouver un plan de secours. Direction le Rock Well, le grand bar du campus universitaire. Depuis le temps qu’on voulait voir ce que ça donnait quand c’est ouvert !… En fait, on aurait très bien pu vivre sans savoir. Nos trentenaires étaient un peu blasés de voir comme ça avait changé depuis leurs années fac ! C’est devenu une boîte en fait, avec trois salles pour trois ambiances, enfin moi j’ai trouvé que c’était toujours ambiance relou. Dans les trois, oui. Mais on s’est pas laissé faire ! Agnès et moi avons payé notre tournée, et avons éclaté les garçons au baby-foot. Ensuite, papote et remuage du popotin et papote. Gábor a dit qu’il pourrait me parler hongrois tooouuute la nuit... Moi, pas contre. Enfin, j’ai pas franchement réussi à faire semblant de m’amuser sur les tubes des Pussy Cats et autres daubes R’n’B. La salle s’est petit à petit remplie de jeunes lycéens – radar anti-élèves activé… pis on est parti ! 2h du matin quand même. Comme Gábor semble connaître tous les chauffeurs de taxi de Miskolc, on a pu rentrer chez nous comme des divas. Il est trop fort, Gábor.

Dimanche horrible en contre-partie ! Me suis levée à 8h (c’est complètement hallucinant), ai pris une douche (dingue) et suis partie au lycée Avasi pour bosser (elle est tarée). Comme vendredi j’ai réussi à faire mon calendrier de cours jusqu’aux vacances de la Toussaint, je voulais peaufiner mes préparations, imprimer, photocopier. Et puis, j’avais des dialogues à écrire pour la pièce de théâtre du lycée Fényi. Bref, suis sortie de là à 14h, sans avoir rien mangé depuis la veille, avec une douleur terrible à la nuque et aux trapèzes. Même couchée, ça n’a rien changé ! Toute la journée, toute la nuit !… Mais comme j’étais au plus bas, je ne pouvais que remonter, logique. Ça n’a pas manqué, Csilla vient de me téléphoner pour annuler la répétition de théâtre d’aujourd’hui. Donc, je n’ai rien à faire ! Un nouveau dimanche pour rattraper le dernier ! Je vais retrouver ma copine pour qu’on décortique le week end, en bonnes filles que nous sommes...

Jeudi 27 septembre 2007

Mea culpa, le bar ne s’appelait pas le MJB, mais le JMB. Trop nulle. En tous cas, j’ai ouvert mon Assimil depuis ce week end. J’ai même appris des mots.

J’allais dire que j’ai pris le rythme, m’enfin il est 17h45 et vais pas tarder à aller me coucher, je crois ! Quitte à annuler le Gyros de ce soir… Après tout, on a déjà fait un petit resto mardi soir. D’ailleurs à ce sujet, mention mdr pour Agnès !… Lorsque le serveur est venu à nous, elle a voulu demander le menu, comme une grande. Bah nan ! Elle a demandé le passeport du monsieur !… On en pouvait plus ! On a laissé un pourboire pour la peine.
Enfin, la routine s’installe, j’ai eu le temps de prendre mes marques, de corriger mes premiers contrôles, d’apprendre à improviser en cours, et tout le toutime. Et j’ai commencé à bosser à l’Alliance française. Plutôt bien lotie, j’ai un petit groupe d’adultes d’un niveau avancé, et mon boulot c’est de servir le thé et d’animer un débat de deux heures, tout en donnant du vocabulaire et en corrigeant les fautes d’expression. Ca me va ! Mais alors, pour ce qui est du « devoir de réserve » et des « thèmes tabous » dont on nous avait parlé à la réunion de Budapest… J’ai sauté dans la flaque à pieds joints. En un seul cours, ils m’ont fait parler des Tsiganes, de la politique de Sarkozy, du port du voile et de la laïcité. Mais j’ai tenu bon, j’ai réussi à rester la plus objective possible, tout en donnant mon opinion quand ils me l’ont demandé. Enfin j’espère.
Pour ce qui est des cours, donc, ça va pas mal. En revanche, niveau administratif, je vais pas tarder à faire quelques vocalises bien senties à ma coordinatrice. N’ai toujours pas signé mon contrat local… Si ça se trouve, je fais deux heures sup’ dans le vent, je ne peux toujours pas mettre en route mon club ciné et organiser une sortie à Budapest pour un forum étudiant et pour la Nuit du Cinéma, et je n’aurai peut-être jamais de TV – ce qui m’intéresse c’est TV5, pour les infos. Veux pas faire ma râleuse, m’enfin c’est dans le contrat, zut !
Du coup, je reste connectée à la vie de Lyon grâce à Okapi ! j’ai enfin compris pourquoi, depuis le printemps dernier, des petits jeunes se retrouvaient Rue de la Ré’ sapés comme dans les années 80 à coup de tee-shirts fluo, de bretelles à têtes de mort, de ceintures à damier, et de coupes à la Chewbaca, à danser comme des tarés démantibulés sur de la mauvaise techno ! Ce sont des Tektonik, et oui braves gens, et ça vient de Belgique et des Pays-Bas. Tout ça, je l’ai appris avec Okapi ! Merci Okapi !

Dimanche 23 septembre 2007

Ca va devenir une habitude aussi, samedi soir on est retourné chez Atilla. Enfin, c’est chez sa belle-sœur, Rita, 26 ans aussi, super marrante et vrai gentille.
Cette fois, on a pris et des bières et du vin. On ne savait pas bien à quoi s’attendre. Apparemment, c’était une soirée de vieux potes de bancs d’école… Un peu la trouille de faire potiches toute la soirée et de rien paner. Et ben même pas ! Enfin si, on a rien pané de ce qu’ils pouvaient bien se raconter sur leurs souvenirs d’écoliers. Même si Atilla essayait de nous traduire entre deux fous rires et au-dessus des cris… parce qu’en fait, c’est symptomatique. A chaque fois que des Hongrois parlent à côté de nous, ils parlent un peu plus lentement – c’est gentil – et surtout beaucoup plus fort – c’est inutile !
Mais on est loin d’avoir jouer les potiches. Les gars, un peu bourrus, un peu bourrés, étaient très curieux (c’est cool ce petit côté exotique qu’on peut avoir à l’Etranger) et bien rigolos. Du coup, on était à l’aise, et aussi bien contentes de baigner dans du hongrois toute une soirée ! C’est pas si évident pour nous, puisque généralement, on ne cause qu’à des expat’, à des élèves, ou à des professeurs de langues. Donc, bonheur ! On a même appris deux, trois mots. Mais c’était surtout très agréable à écouter. Je les ai épatés en ouvrant nos bières avec un briquet ! Moi je trouvais que ça avait son petit côté Castor Junior, mais nan, pour eux j’étais une déesse. Trop cooooool !…
A ce sujet, j’ai compris pourquoi notre chef suprême, Magda Szabó, nous avait mises en garde sur les dangers de venir s’installer en Hongrie… au risque d’y rester à jamais ! C’est que, figurez-vous, les hommes sont peut-être parfois un peu patauds, voire bourrus – alors on trouve ça, soit très con, soit très mignon (devinez pour moi) – mais ils sont surtout de véritables gentlemen. Pas moyen de sortir une clope à soi, ni de se l’allumer soi-même, pas moyen de rester debout plus de trois minutes, pas moyen de se peler les miches sans qu’on vous amène une petite couette (c’est qu’on aime bien rester sur la terrasse, avec les rigolos), pas moyen de digérer son dernier verre sans un autre Bacardi Cola… mon chouchou nous a même inviter à rentrer en taxi (et on habite pas franchement au même endroit). Et en décembre, il m'invite a un match de hockey Hongrie-France! Bref, que du bonheur. Ils ont passé leur soirée à nous faire du baise-main, à nous dire qu’on était trop mignonnes quand on parlait hongrois et trop adorables – Gabór voulait même « me manger » Grrrrrr – un peu l’hallu quand même ! Ca, c’est l’indéniable superpouvoir des expatriées…
Alors c’est sûr, je frise le stéréotype, et je m’en excuse. Mais mince, c’est pas la première fois que je note ça, et notre chef suprême nous l’avait dit aussi, alors hein !

Bien, il est temps pour moi d’aller chercher quelque coin de verdure. J’ai bien travaillé avant de sortir hier soir, et vais enfin pouvoir courir les champs de la montagne de Bükk…
Et juste pour le mot de la fin, une question tout à fait pertinente d’un gars du MJB : « C’est vrai que chez vous, un croissant c’est plus cher qu’un litre de pétrole ? »

Samedi 22 septembre 2007

Je le savais bien que je voulais pas bosser, moi ! En fait, c’était pas la flemme… c’était l’angine. Je me suis traînée toute la semaine, horrible !… Me suis consolée en me disant que j’étais bien vaillante, parce que la consultation chez le médecin et un petit arrêt maladie, c’est moins de 2€. Et ouais. Enfin, la semaine ne voulait pas en finir. Et j’ai passé mes aprèm à essayer de roupiller un peu (pas facile avec la voisine que je me coltine) ou à courir pour mes dernières démarches administratives, des trucs palpitants comme ouvrir un compte, se déclarer aux Impôts, etc. Hier, j’ai même acheté une carte SIM… on sera plus obligé de se donner des rendez-vous à la mord-moi-le-noeud dix jours à l’avance, c’est cool.
Enfin, faut pas croire, on a pris nos petites habitudes ! Le mercredi, une korsó de bière avec Agnès et le vendredi, soirée avec les Allemandes. Surprise non négligeable, les filles nous ont ramené des connaissances à elles… des p’tites meufettes d’un lycée d’Agnès (un poil gênant et trois poils marrants) et un chevelu qui nous proposait une soirée Métal au MJB. Je dis youpi. On a enfin quitté cette foutue rue principale – un mois que je la monte et la descend – pour aller trouver ce MJB. Bonne pioche, la rue est bien sympa. Je m’étais pas rendue compte qu’en fait j’étais rarement à l’aise, parce que pas dans mon élément. Et maintenant que j’étais à l’aise, je me rendais compte que bien souvent je l’étais pas, dans mon élément. Vous suivez ? Bref, là, c’était chouette. Des chevelus, des barbus, un groupe à l’étage qui s’égosille, un vieux baby-foot dans le fond, des tables un peu crades… Aaaaah, ça va mieux. Les élèves d’Agnès nous ont bien fait marrer, elles sont venues nous voir, se faire prendre en photo avec leur Francia Tanár et boire leur palinka avec nous… en un quart d’heure, elles étaient cramées. Une heure plus tard, elles partaient. Soirée éclair, mais dont elles se souviendront.
De notre côté, on a un peu navigué dans le bar, pour finir dehors, avec des copains du gars chevelu sus-précédemment cité. Mais non nommé, il s’appelait István. Les gars étaient marrants, quoique bien éméchés aussi. Mais si ça se trouve, à jeun, ils auraient été chiants comme la mort ! Bon, c’est vrai, c’était pas très fin parfois. Mais pour ma part, j’ai quand même bien tchatché avec un gars qui m’expliquait, en tanguant un peu, pourquoi il comptait partir bosser en Angleterre, ce qu’il pensait de Miskolc, la scissure Droite/Gauche, etc. Tout de même !… Et pis ça fait tellement du bien à parler à des gens, pas des élèves, mais des vrais gens, même plus bourrés que moi. Enfin, les filles se sont lassées, et on avait la semaine dans les pattes… J’ai pris le bus 35 avec un des autres gars, qui sur le trajet, avait eu le temps de cuver et d’arrêter de me dresser la liste des synonymes de pénis en hongrois. Et, lui aussi, s’est avéré qu’il était bien cool. Un ancien punk. M’a raconté sa vie, tout ça. Une bien bonne soirée !
Aujourd’hui, j’espère bien finir de préparer mes cours pour aller voir du vert dimanche, à la sortie de la ville. des petites fleurs, des arbres, des cailloux, des rivières, des petits faons…

Dimanche 16 septembre 2007

Là, on est passé en division Fête du Slip ! Atilla, un prof d’anglais du lycée Hermann Ottó, a proposé à Agnès de venir à une soirée qu’il organisait samedi soir. Une Française pouvant en cacher une autre, j’y suis allée aussi. En prenant le tram, on s’est pris une grosse vague de testostérone en folie et de vieux relents de bière… il y avait match ce soir-là, et le supporter, c’est comme le professeur, il est partout le même ! Je crois qu’on était les seules minettes à bord… et on descendait aussi à l’arrêt Stadion. Le youpi, quoi… Comme on est bien élevé, avant de retrouver Atilla, on est allé faire le plein de bières dans le bouiboui d’à côté… Comment on pouvait savoir, nous, que les trentenaires ça boit du vin ?! C’est vrai que c’est plus chic, m’enfin…
Là, on a rejoué l’Auberge Espagnole. Il y avait le binôme français, le quatuor hongrois, le duo espagnol… Un peu comme en cours, en vachement plus arrosé et beaucoup plus drôle ! Je pensais pas manger de véritable tortilla en Hongrie, voire pas de tortilla du tout, mais Miguel et Francisco se sont mis au fourneau… Le bonheur ! On a mangé Espagnol, bu Français et binché hongrois, le tout avec des gens trop chouettes. Beaucoup discuté, et franchement rigolé.
Bien sûr, Agnès m’en voudra si je ne parle pas des toilettes. Faut dire, je vais rarement aux toilettes, et Agnès toujours. Intéressant, oui. Mais comprenez, c’est pour le contexte. Or donc, la bière se recyclant toujours très vite, je me décide. Agnès est impressionnée… Enfin, au bout de dix minutes, elle s’inquiète plutôt… De mon côté, j’évaluais déjà la hauteur du mur depuis la fenêtre des chiottes : j’étais coincée ! La poignée se baladait dans le vide, c’est ballot ! Fort heureusement, la maison regorgeait de super héros. Ils se sont démenés ! J’ai quand même eu peur quand ils ont pété la clef à l’intérieur de la serrure… Ils ont enlevé la vitre de la porte pour voir si j’allais bien, et enfin, à coups de tournevis et de bidouille, je m’en suis sortie ! Si c’est pas de l’aventure ça !… Après quoi nous sommes parties avec les Espagnols, pour aller festoyer en ville. Un vieux con, dans le tramway, nous bloquait depuis un moment, et s’est enfin décidé à nous hurler dessus… parce qu’on ne discutait pas magyar, mais spanglish. Miguel, ici depuis trois ans, lui a lâché une petite phrase bien sentie en hongrois, quand on est descendu. Histoire de dire que… Bref, y’a des gros nazes partout. En ville, il y avait une sorte de festival, avec stands et mini spectacles tout le week end. On a bu un canon et mangé une sorte de Chorizo (très thématique la soirée au final). Pis on a pris le dernier tramway avec Francisco, qui nous a raconté ses voyages, et surtout la Thaïlande… j’aimerais bien voir la Thaïlande... Agnès a préféré Francisco.

Enfin, autant dire que je n’ai rien foutu du week end, et que je ferais mieux d’aller bosser. Mais que j’ai pas envie. Bon, je vais essayer. Ou alors, je sors la ruse du renard ailé qui tâche et je colle des DS surprises à tout le monde. Nan, c’est pas cool, je vais bosser. Ou alors je…

Samedi 15 septembre 2007

Et ben voilà ! Enfin nous rencontrons des gens !
Jeudi soir, je ne sais pas, une inspiration divine… On venait de boire notre bière du mérite, et puis la fringale me fait me souvenir d’un petit Kebab bien sympa… On part pour manger notre gyros ! C’est toujours un peu le rendez-vous des étudiants anti McDo, affamés et sans le sou… On y a alors rencontré Lisa et Myria, deux Allemandes, et Ali, un Turc. Les filles parlent très bien anglais, et Lisa est aussi douée en français. Ali, pour sa part, c’est pas évident ! On a compris que ce Gyros était son repère, les proprios sont turcs, eux aussi. Comme c’était bon de communiquer avec des gens ! Agnès peut se vanter de trois ans en Angleterre, du coup, elle se balade… Moi, j’ai du me faire bouillir les neurones, mais je comprenais quand même, et j’arrivais à parler. Moins bien, c’est sûr… Histoire de remettre ça bientôt, on leur a proposé de se trouver le lendemain soir, sous l’horloge de Szinva – notre point de rendez-vous fétiche.
Sur les conseils de Zsófia, mon élève particulière, on est allé au Cortéz. Et voilà ! On avait enfin trouvé un bar comme on aime ! Un mois de recherches... Il est perché au 1er étage d’un vieil immeuble, un petit décor de cinéma… Cette Zsófia, c’est un atout précieux. Elle m’a aidée pour mes premières courses hongroises, m’a fait voir où manger sur le pouce en ville, m’a fait découvrir le petit salon de thé indien trop chou, planqué dans une superbe cour… et maintenant le Cortéz. Une perle vous dis-je !
Bref, on a donc papoté une nouvelle fois, affalés sur de vieux canapés, avec nos petits amis. Je me permets l’adjectif, parce qu’elles nous ont un peu soufflé quand elles nous ont dit avoir 19 ans. Elles font leur Volontariat International. C’est répandu en pays germain de partir vadrouiller un an, après le bac. Elles bossent à Miskolc dans un centre pour handicapés. Autant dire qu’elles avaient la même tronche fin de semaine que nous !… On a pas fait long feu, mais c’était chouette.

Le plus de la semaine : j’ai trouvé du vrai camembert… du qui pue, du Français.

Jeudi 13 septembre 2007

Les profs se ressemblent partout ! Et oui, même en Hongrie. Il y a, bien sûr, une majorité de femmes, les vieilles filles qui restent au lycée jusqu’à 19h, les marrantes qui papotent comme des collégiennes, les rabougries qui ne se mettront jamais à la retraite, les alcooliques au teint si frais… niveau gars, mêmes catégories. J’en ai un (c’est mon préféré) je suis certaine que c’est lui dans Wayne’s World !… Vous savez, le blondinet aux cheveux longs, raides comme des bâtons, avec des grosses lunettes rondes en plastique. Aujourd’hui, au lycée Avasi, ils se sont tous mis à me causer ! C’était marrant, ils lâchaient les quelques mots de français qu’ils connaissaient, me mimaient ce qu’ils voulaient me faire comprendre, riaient sur mon pauvre accent hongrois, Drriiiing ! Désolée, je dois y aller, j’ai un cours, là ! Mais je retiens une info : une prof de sport propose une séance de Toutouyoutou pour les profs. Le mercredi, pourquoi pas ?
Alors oui, des fois je suis un peu la bête curieuse, et pis des fois je passe complètement à travers... C’est toute une technique ça : apprendre hommes/dames pour ne pas se tromper de WC, repérer les salles en avance pour faire comme si on était là depuis 14 ans, éviter les yeux de merlan fris sur tout ce qui peut nous sembler curieux, et surtout, avoir les ongles propres et manucurés (on voue un culte aux extrémités digitales, ici).

Demain j’ai rendez-vous avec Zsófia, une lycéenne d’Avasi, que j’avais rencontré cet été à l’Alliance. On va papoter autour d’un verre, enfin non… on va travailler ses compétences à l’oral, pour la préparer à son examen de langue française.
En revanche, j’ai posé un beau lapin à Agnès hier après-midi. Je devais aller à l’Office d’Immigration me faire faire ma carte de résident. C’est que je ne m’étais pas encore sentie immigrée, moi ! Déjà un peu plus quand j’ai rejoint les rangs de tous les penauds qui attendaient désespérément qu’on arrive au numéro de leur ticket. J’avais le 148. Autant me préparer à passer le reste de la journée dans cette cosmopolite de salle d’attente… Et comme je n’ai pas de portable, pas moyen d’avertir Agnès ! Pas cool pour elle. Mais, finalement, j’ai passé un bon moment, puisqu’une des élèves du lycée Fáy, de dernière année, m’a tenue compagnie. Elle m’a raconté sa vie, c’était chouette. Elle est slovaque. Elle et sa sœur vivent à Miskolc, pour étudier dans de meilleurs lycées que là-bas. Et elle aimerait partir étudier en France. Et puis elle m’a dit – attention, c’est le moment Autosatisfaction – qu’elle me trouvait vraiment chouette, et toute la classe aussi d’ailleurs. Qu’on apprenait des choses intéressantes, que mes cours étaient vivants, tout ça, tout ça… j’étais rouge comme un nez de clown. Et mes chevilles enflaient, enflaient… j’aurais aussi pu m’acheter les chaussures pour compléter la panoplie.

Mardi 11 septembre 2007

J’aime pas le mardi. J’aime bien le lundi, mais j’aime pas le mardi ! Ma journée des extrêmes.
Je commence avec une classe de phoques amorphes. Des espèces d’ados tout blasés, une moitié se foutant royal du français et me baillant au nez, et une autre moitié toute complexée par ses nénés qui poussent et n’osant pas lâcher un mot. Je suis méchante. Pour ma défense, ils m’ont exténuée. L’argument est léger, c’est vrai…
Après, c’est l’inverse ! Mes braillards de débutants débarquent ! Je les aime bien, eux. Ils sont encore trop jeunes pour que se dire que ça l’affiche grave de répondre au prof. Ouf ! Mais là, faut les tenir, qu’ils gardent leur attention sur moi et sur ce qu’on fait. Et c’est pas fastoche non plus !… Il y en a un qui a voulu m’épater (il avait six mois de cours particuliers derrière lui) et, alors que je le leur faisais découvrir le monde fascinant des mois de l’année, il a commencé à tous les réciter. Au lieu de le laisser me pourrir tous mes effets, je lui ai tendu la craie, et j’ai pris sa place. Triple effet CamCool : lui s’est senti valorisé, moi je me suis reposée, et son pote de voisin s’est bien calmé. C’est beau la pédagogie.

Et cet aprèm, on m’a piqué des meubles dans mon appart !… Et légalement en plus !…
Le lycée a du se rendre compte que je n’avais pas une vie sociale très débridée, ici. Deux mécréants sont donc venus récupérer un fauteuil et un canapé. Enfin, c’était pas une raison, quoi ! M’en fous de toutes façons, Félisse avait pissé sur le fauteuil en arrivant, au mois d’août – faut comprendre, pauvre binoune, elle avait peur… moi aussi, et j’ai même pas fait pipi !
Enfin, ça renforce le côté Feng Shui de l’appartement : Toujours voir le verre de palinka à moitié rempli. Si c’est pas le cas, le remplir !

Lundi 10 septembre 2007

Hé, ça vaut le coup d’être organisée, tout de même… je savoure un moment de liberté ! Ce premier week end professoral avait un petit goût de vacances ! Enfin, seulement vendredi soir, parce qu’il a fallu préparer la semaine qui venait. N’est-ce pas !
J’ai retrouvé ma copine : Agnès boit de la bière, Agnès écoute du rock. Agnès est cool. Donc, on a bu une bière, et on a cherché un bar Rock. Comme les seuls humains avec qui je peux discuter sont des prépubères Hongrois, c’est à eux que j’avais demandé quoi faire et où aller. J’aurais pas du ! Notre première soirée, on l’a passée dans un bar bon chic bon genre, bourré de trentenaires pas bourrés… au prix de la pinte, je comprends ! Et samedi soir, on est parti sur le campus universitaire, fol espoir. Apparemment, tout se passe là-bas !…
Ouais, enfin, quand y’a des étudiants. Pas de bol, ils n’avaient pas encore repris. Mais cela reste une mission loose de niveau 1, parce que quand même, on a pu repérer le bar qui tue. Soit, fermé, il en jetait pas un max, mais il semble avoir du potentiel !
Valeureuses, on est retourné en centre-ville, avec le plan d’une de mes lycéennes… et on a atterri au Columbus, un pub qu’elle disait. Sauf que le proprio a eu la fâcheuse idée d’investir dans un juke box, et qu’on a passé la soirée en apnée : Jennifer Lopez, Christina Aguilera, les Destiny’s Childs, oui, d’accord, je m’arrête là. Mais ce fut une soirée sociologiquement intéressante. Une brochette de prout girls est arrivée, et ça nous a bien occupé toute la soirée d’évaluer et de décortiquer les tenues de chacune. Nan, nan, nan, je vous vois venir, « Ah, les vipères, les petites punaises ! » mais non, juré, c’était dingue de dingue. Ma préférée portait une combinaison en latex rouge vif, le veston avait des boutons de diams et supportait une sorte de soutif en cuir noir à froufrou. La tête de Lolo Ferrari avec le brushing de Bardot… Ah ! Et les ongles ! Environ 8 cm de long, manucurés et sertis de petites fleurs en plastiques… Fascinante. Et avec elle, neuf autres copines. Un régal pour les yeux. On s’est rabattu sur un petit jeune avec un look poète maudit…

Niveau taf (j’suis un peu obnubilée, c’est les débuts faut pas m’en vouloir) j’ai pu m’organiser un peu mieux. Le lycée Avasi, à côté duquel j’habite, est ouvert H24, du coup, j’ai squatté la petite salle des profs de langue : j’ai pu me trouver des idées, des originaux à photocopier, tout ça… Et j’ai remis ça dimanche. Du coup, ma semaine est bouclée ! Trop fière. J’ai profité de ma matinée de libre – me suis levée à 7h alors que j’avais même pas cours hé ! – pour aller faire mes photocopies au lycée Fáy… la tronche de la secrétaire ! Avec mes 300 photocopies, je l’ai monopolisée une heure. Mais je n’ai pas culpabilisé, z’ont qu’à me filer un bouquin magique.

Mardi 4 septembre 2007

Voilà, je suis passé de l’autre côté… je suis professeur ! Je croyais savoir. Mais je savais pas.

Pétard, c’était un véritable marathon ! Déjà, on m’avait oublié sur le planning, et du coup, je n’avais pas de salle. Je négocie finement la salle 24, la fameuse salle de français top classe. J’ai animé la première séance sur le thème des présentations (identité, goûts, loisirs, avec des jeux et beaucoup de blabla) et me dis que, génial, la deuxième heure, je peux poser les mini films sur Lyon ! Comment que je vais gérer ça! Un peu de conversation, un peu de civilisation, hop hop hop. Que nenni les amis ! Le PC refuse tous les codes possibles… finalement, j’apprends qu’il déconne aujourd’hui. Rien que pour moi. Comme ça tombe bien ça dis donc, j’ai 15kg d’exercices dans mon sac à main… Moi l’improvisation, j’aime pas beaucoup ça ! Du moins pas quand je n’ai pas de support de secours, au cas où il faille se rattacher à quelque chose. J’ai comblé tant bien que mal (sans doute pas très bien) avec un Ni oui Ni non, et une tchatche sur Lyon. Pff… j’suis deg. Evidemment, rebelote avec mon groupe de débutants. Des vrais de vrais en plus. J’ai un peu traduit en hongrois, un peu en anglais, ils connaissent peut-être trois mots français – trois, en débutant, ça se dit Troïche ! Pour le coup, la classe précédente était plus reposante. Enfin, ils étaient pleins d’entrain, il fallait juste canaliser l’énergie sur le français, et faire valoir mes talents de mime Marceau pour me faire comprendre. Après de succinctes présentations (ça servait pas à grand-chose de s’étaler) et un petit jeu là-dessus, on est parti sur les nombres de 0 à 100. mais on bien rigolé. Si, si, mon cours était pourri, mais ils ont bien rigolé. Surtout que, youpi youpi, un bonhomme tout emmerdé est venu me voir à la pause pour me dire qu’il était bien désolé, mais qu’il devait emmener toute la classe pour qu’elle récupère ses manuels : « Sorrrry i need all childrrrren ! » Pas grave, prends-les, juré c’est cool !
Sur le chemin du retour, je me suis dit qu’un rouleau compresseur n’aurait pas fait mieux. Le stress ça fatigue, c’est dingue. En plus, j’avais rien avalé depuis la veille (pas possible) et je stressait déjà sur ce que j’allais bien pouvoir proposer à mes classes du lendemain ! Surtout que la super salle de français, qui est normalement celle du lecteur, et ben non, pour le moment ils n’ont pas prévu ça comme ça ! Du coup, va faire des chansons, de la civilisation ou je ne sais quoi, sans support possible ! Je n’ai pas encore dégoté de manuel utilisable sans CD audio, rien, keutch, niet, prout. Encore une journée d’angoisse pour demain, donc ! Il faut absolument que je négocie cette foutue salle de français, et que les profs de français de chaque classe me donnent leur programme et leurs idées de progression.
Bon, vais boire un canon avec Agnès. Elle me racontera tous ses malheurs aussi ! On a rendez-vous à 16h devant le Calypso. Si c’est pas un nom qui fait rêver ça…

Lundi 3 septembre 2007


Aujourd’hui je dois faire la tournée des lycées, et j’ai l’estomac qui fait un tas de nœuds ! J’ai commencé par le lycée Avasi, tout à côté de chez moi. J’y ai rencontré ma référente, Marianna, prof de français très sympa. Enfin, globalement, toute l’équipe pédagogique me semble vraiment chouette. C’est un lycée avec peu de moyens, mais plein de bonne volonté. En tous cas, c’est ce qui en est ressorti. Le lycée ne ferme jamais, du coup je peux venir passer mes aprèm’ et mes soirées, jusqu’à point d’heure si j’en ai envie, il y a toujours quelqu’un. Non pas que j’aie envie de tester la vie de fantôme hantant les couloirs des lycées, m’enfin c’est super pratique pour préparer ses cours ! Ensuite, je suis allée à Fáy András, mon lycée principal. Mouais, pas le même enthousiasme… c’est sympa, je dis pas, mais il semble que ce soit un peu le contraire de Avasi : pas mal de moyens, mais c’est tout un bordel pour y accéder, et faire la moindre photocopie relève du parcours du combattant. Mais la salle de français est vrai chouette, avec une super bibliothèque, un tas de déco (branchée Paris, évidemment), et surtout un poste CD et un monstre d’informatique dans une grosse boîte avec PC portable, rétroproj’, ports USB… le rêve de tout prof qui se respecte. Y’a un max de cadenas pour y accéder ! Là encore, les professeurs m’ont soumis leurs idées, leurs projets, le souci d’une collaboration entre nous… mais sans me proposer le moindre support, le moindre bouquin, le moindre programme. J’avoue, là, je commence à paniquer. Alors j’embraye sur le lycée Jésuite, ça doit être calme là-bas, avec un tas d’élèves pleins de ferveur ascétique. J’ai mal aux pieds (j’ai fait péter les sandales) mais allez ! Là je rencontre la concierge, et me la pète en réitérant une énième fois – en hongrois, s’il-vous plaît – Bonjour madame, je suis professeur de français, la lectrice, et je cherche un professeur, Zsuzsanna B. Epatée, la concierge me mène à la dite personne sus mentionnée, avec qui je visite un lycée moderne et vrai class niveau architecture. Faut dire que les Jésuites, ils ont le sens du Beau. J’ai rencontré le Père directeur, avec qui j’ai discuté en anglais. Tellement charmant ! Il m’a posé un tas de questions, m’a demandé dix fois comment il pouvait m’aider pour que tout se passe bien pour moi en Hongrie, m’a prêté des CD… et en plus il était plutôt craquant dans le genre prêtre. A moins que je sois très vicieuse ? c’est horrible. Ca mériterait une réu Dindes. Enfin, j’ai bien fait de terminer ma tournée par ce lycée, tout y est simple, les cours, le système des clefs, le matériel à disposition etc. C’est loin d’être anecdotique ce genre de trucs quand tu dois assurer des cours qui assurent.
Bon, c’est pas le tout, mais demain j’ai déjà 2 heures avec une classe de bon niveau, et 2 heures avec des gamins qui n’ont jamais vu de Français de leur vie (il paraîtrait même que ça leur fait peur). Youpi. J’ai pas le moindre bouquin, pas la moindre idée ! Ah, mais si ! J’ai un DVD sur Lyon, il suffit que j’assure la première heure et la deuxième je leur proposerai deux petits courts-métrages avec mini débats. Ouf.

Dimanche 2 septembre 2007

Il a fallu se lever ! Chaque premier dimanche du mois, une brocante est organisée sur la Place de la Mairie de Miskolc. Agnès et moi avons retrouvé Judit qui nous a accompagné un moment. J’aime beaucoup les brocantes. Et celles de Hongrie ont vraiment leur saveur. Des bustes de Lénine, les trois tomes de la vie de Marx, des millions d’infâmes statuettes de porcelaine… J’ai tout de même bavé devant la reconstruction d’une superbe caravelle sans âge, sur les petites boîtes peintes et sur les flacons de verre. Rien acheté, le plaisir de yeux. Et on a eu faim. En France, Agi m’avait conseillé les langós, et là, Judit nous a assuré que c’était sensas’. Confiantes, on en a pris un chacune. Bon sang, tout est toujours gras ici ! Enfin, on les a mangés hein, avec beaucoup d’eau et un expresso pour faire passer le tout, quand même. On s’est quitté pour enfin se poser un peu, chacune chez soi, et pour faire le point sur tout ce qu’on a à préparer pour demain. C’est la pré-rentrée, et on commence nos cours mardi.

Samedi 1er septembre 2007


Si les minutes peuvent parfois sembler des heures, l’inverse est aussi possible ! Ces derniers jours m’ont fait l’effet d’une petite tornade. Je suis arrivée à Budapest mercredi, en début de soirée, et me suis rendue à l’Hôtel du Oktatási és Kulturális Minisztérium. Je m’attendais à une simple chambre… je suis rentrée dans un véritable appartement ! Coquet au possible : des rideaux rouges, du parquet, de jolis meubles ; et très fonctionnel : une cuisine, une salle de bain, un balcon. Et trois lits ! Je n’avais pas la patience d’attendre mes cothurnes, alors je suis allée toquer aux portes voisines… Et suis de suite tombée sur Cécile, avec qui j’avais bien sympathisé sur Paris. Parler en français, Oh ! Joie ! On a pu évoquer Lyon et ses merveilles… Quand tout le petit monde est arrivé, on est sorti boire un pot, puis on est allé trouver de quoi dîner – j’ai pu crâner devant les copines en baragouinant hongrois aux commerçants – et on s’est fait un bon gueuleton à l’appartement 36. Une bonne soirée, et puis un bon moyen de se rendre compte qu’on avait bien tous les mêmes appréhensions mais la même hâte que les choses sérieuses commencent.
Le lendemain 9h, on s’est retrouvé devant l’hôtel et on est partit pour l’Institut Français de Budapest. Une belle balade à pieds, malgré un temps maussade. Une demi-heure plus tard, nous étions accueillis dans un bâtiment à l’architecture très moderne et franchement chouette. Tout un petit monde en costard et tailleur, qui papillonnait autour des mini croissants et du café. Alors on a papillonné aussi ! Je passerai sur la journée d’informations que ça a été. Et intégrer tout ce qu’on a pu nous dire a demandé pas mal d’énergie ! Mais comprendre ce que pouvait être le rôle du JD, comment l’Institut Français et la Fondation Franco-Hongroise pouvaient nous y aider, prendre conscience de la dimension que pouvait prendre de telles collaborations… Whaw, ça fait peur, mais c’est à la fois terriblement excitant. Galvanisant. On avait réellement besoin de ça, je pense. En tous cas, me dire enfin que je fais partie d’une chaîne et que j’en suis un maillon nécessaire, moi, ça m’a fait du bien. Surtout après six ans dans une fonction de pionnicaca, sans perspectives et sans aucun moyen de faire quoi que ce soit. Hé, j’ai essayé. La réunion s’est terminée au pub, avec Stéphane Grandsire et les JD affectés dans des sections bilingues. Difficile de tout suivre après quelques pintes ! On a remis ça au café de l’Institut Français jusqu’à 20h, et terminé la soirée dans une pizzeria. Lorsque le pianiste du restaurant a compris qu’on était français, il nous a léché un petit medley des grands titres de Piaf…
Le lendemain a été une journée plus ludique. Stéphane nous a réunis pour réfléchir un peu à nos premières séances, aux petits trucs qui marchent bien avec les élèves, et les pièges à éviter. On a pu aborder le système scolaire hongrois, les différences qu’on pourra noter par rapport à notre expérience en France, tout ça. C’était sympa d’échanger un tas d’idées, de rebondir dessus… mais la séance s’est vite terminée, car il fallait qu’on rejoigne nos Coordinateurs, qui joueront le rôle de référent dans notre établissement principal. Damned ! C’est Judit ! Il fallait bien qu’un truc un peu foireux arrive, ces deux jours étaient trop beaux. J’ai noyé mes craintes dans le buffet et les verres offerts par la maison. La bouffe était hongroise, et le chef était français. Savoureux mélange.
Le déchirement quand il a fallu tous nous quitter ! Je serais bien restée à l’Institut. Tous les gens que j’ai pu y rencontrer étaient gigantesques. Petite pensée pour Christophe, le gentil bibliothécaire, et Stéphane, pour qui la prise en charge des JD était la dernière action au sein de l’Institut. Et je peux dire qu’il a mis le paquet. Ce fut tout de même moins pénible pour moi. Je ne partais pas seule, j’avais Agnès, elle aussi affectée sur Miskolc.
Mais impossible de s’asseoir dans le train et de se laisser bercer doucement par le paysage. On avait le cerveau qui bouillonnait, on avait vingt-trois mille choses à penser… et pis des crampes aux fesses aussi. Je l’ai ensuite accompagnée à son appartement, vu le nombre de bagages. Super appart ! Pas très fonctionnel, certes, mais toujours rempli des meubles et des décorations de la propriétaire. Ah, c’est plutôt kitch, mais il faut bien ça ! Enfin, on est descendu fêter son arrivée et notre nouvelle vie qui commence.

Aujourd’hui, Agnès et moi avions rendez-vous avec Judit. Elle était à l’heure (et même en avance !) et nous a accompagnées pour prendre notre abonnement de bus mensuel. On a bu un café ensemble, on est allé chez le photographe pour les photos d’identité, et enfin au MVK. J’étais ravie, hier déjà elle s’était montrée sympa, et aujourd’hui elle nous aidait pour un truc bien utile. Fini la fraude.
On pensait pouvoir se balader en centre-ville avec Agnès, mais en Hongrie, le dimanche dure deux jours. Rien d’ouvert, on a trouvé ville morte… Mais on est courageuses, hé, alors on est allé faire de petites courses pour chez elle, puis pour chez moi, et on a finalement passé la nuit à discuter et à tester les alcools de mon bar. Je déconseille le fameux mélange herbeux Unicum. Nan, c’est vraiment deg’. Bref, c’était pas encore aujourd’hui qu’on allait se reposer et digérer les évènements de ces derniers jours.

Lundi 27 aout 2007


J’ai pris goût aux balades. Aujourd’hui, j’ai flâné en centre ville et dans les petites rues alentour, avec Lady Soveireign et HellFish dans les oreilles. Vers midi, un petit tour à l’Alliance Française. J’y ai retrouvé Raymond, le directeur, que je n’avais pas revu depuis qu’on avait bu un coup dans le Vieux Lyon. Quand je suis entrée, il discutait avec une minette, de 17 ans peut-être, brunette bronzée avec sandales et ceintures cloutées de diamants, boucles d’oreilles qui n’en finissaient pas de tomber, mini short et mini top noirs. Le prêt-à-porter nous sert le prêt-à-niquer ! Au grand dam des mauvaises langues, je ne dirai qu’une chose, elle était très gentille. Et oui. Elle avait besoin de quelques conseils avant de partir étudier à Strasbourg, à la rentrée. Je lui ai dit de s’habiller.
J’ai mangé avec le dit monsieur à la « cantine » de la Délégation Régionale (ou un truc comme ça), pour un menu à 500ft. C’était plutôt bien bon, sauf la soupe de tomates sucrée, beurk ! Ensuite, il a eu la gentillesse de m’accompagner au MAV acheter mon billet de train pour Budapest. Je pars mercredi, pour une réunion de deux jours à l’Institut Français, avant que les choses sérieuses ne commencent…
Avant de se quitter, on s’est chacun acheté une carte BlaBlaBla – juré, elle s’appelle comme ça – dans une maison de la Presse, pour téléphoner à l’étranger (50 minutes pour 1000ft). Je vais pouvoir appeler la famille sans trop de frais, c’est bon plan.
J’ai laissé Raymond retourner à ses affaires à l’Alliance, et j’ai repris ma flânerie en solo… l’ai finie en achetant une barquette de mûres bien noires, bien juteuses, à une petite vieille qui les vendaient à la sauvette devant un Hard Discount. Ça l’a fait beaucoup rire que je vienne de France, je sais pas !

Et pour le mot foireux de la fin, l’eau courante du Mont Avás donne la courante.

Samedi 25 aout

Je suis allée au Spar, en fin de matinée. C’est qu’il faut pas se louper le samedi, à 13h tout le monde plie boutique. A l’entrée, je me suis retrouvée avec une vieille dame, bien emmerdée, elle aussi, de ne pas avoir les 20ft pour le caddy. On a négocié avec une opulente quinquagénaire, et acheté nos légumes ensemble. Très gentille, elle m’a aidé à peser et choisir le bon numéro, mais hé ! je sais, moi, que les paradiscom, c’est le 32 ! Enfin, tout ça pour dire que les gens sont souvent aux petits soins, ici. Hier, même genre, deux femmes de l’immeuble, sont venues vérifier que la fuite d’eau des étages du dessus n’avait pas percé jusque chez moi. Je crois que tout le monde, dans l’immeuble, sait que je suis française. C’était marrant, comme je panais rien, elles me faisaient des grands gestes, des imitations d’eau qui dégoulinait du plafond… Bref, exaltant !
Enfin, faut pas croire, j’ai bossé un peu. Sans Internet, mes livres et la possibilité de lire mes CD et DVD, c’était pas fastoche, fastoche, mais quand même, j’ai fini une petite exploitation du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, et j’ai commencé un boulot sur plusieurs séquences de Matin Brun, la nouvelle que si tu l’as pas lue, et bein il faut que tu la lises.

Sous mon balcon, il y a toujours un groupe de petits vieux pour venir taper la causette sur les bancs, c’est vraiment chantant le hongrois. Le soleil tatane sec. Mais il y a toujours un petit vent, bien agréable le matin et le soir. Comme dit mon papa, le soleil, ça s’apprécie à l’ombre. Mais l’ombre, ici, y’en a pas ! Les avenues, comme les rues, ont ce côté mégalo d’être immenses, souvent sur deux ou trois voies des deux côtés de la route, avec de graaaands trottoirs qui n’en finissent pas. C’est l’héritage rouge, quoi. Je pense que je vais attendre les 18h pour faire un tour, histoire de me balader. La nuit tombe tôt.