... et le vin aussi


C'est beau la vie...


Jeudi 8 mai

Bon, je n’aurai pas fait tout ce que je voulais pour mon rapport de stage, mais ces trois jours avec Michaël et ses potes ont été vraiment chouettes. J’ai d’abord fait découvrir à ces trois compères pépères la ville de Miskolc. Les places, le château médiéval, la colline d’Avas (que j’affectionne particulièrement) avec ses petites maisons puis son vieux cimetière, et on a même pu faire la brocante du dimanche. Bien tombé. J’aurais été riche, j’aurais bien embarqué un superbe gramophone… On s’est contenté d’une petite broche communiste pour l’historien qu’est Michaël. Sinon, j’ai enfin visité la région. Et en Picasso, s’il-vous-plaît. On est monté à Mezözombor, pour visiter le domaine viticole du Diszkónő, grâce à Julien. C’est un bien beau domaine avec du bien bon vin ! Rarement goûté des pinards comme ceux là. Mazette, je dis. Message aux parents : Je vous ai pris deux excellentes bouteilles…
Et comme toute bonne balade qui se respecte, après s’en être mis plein les mirettes et plein les papilles, on a poursuit le périple jusqu’à Tokaj, pour déjeuner sur le bord de la Tisza. Rebelote pour les mirettes et les papilles. Parfait. Sinon, pour le troisième jour, on a tiré la carte Touriste. Pas de chaussettes sous les sandales, pas d’appareil photo pendu au cou, pas de casquette du Coq Sportif mais… visite d’Eger en petit train ! Grand classique ! Enfin, c’était pas celui du Parc de la Tête d’Or non plus. Mignon bien sûr, mais bringuebalant un petit peu dans les virages, et encore plus dans les montées. Indiana Jones et le Tchoutchou perdu.
Il sont partis trop vite ! C’est déjà la reprise. Les élèves ont plus envie, moi non plus, ça tombe bien, enfin non, ça tombe mal ! Il va falloir que je me remue les méninges pour que ça passe mieux et plus vite.

Samedi 3 mai

J’ai fait une petite entorse à la sériosité que je m’étais imposée. Finalement, Atilla a voulu refaire une autre soirée d’adieu. Hier, me suis retrouvée en complète immersion hongroise, à baragouiner trois mots de hongrois et beaucoup plus d’anglais, et à faire suinter du gras de porc pour le faire couler sur des tranches de pain. Argh ! C’est typique, alors bon, je m’y suis mise ! Enfin, j’ai fait cuire, j’ai seulement manger une tartine, pour montrer comment j’étais bien intégrée ! Ca les a bien fait rire en tous cas. Mais je suis rentrée tôt, histoire d’être fraîche pour continuer mon rapport le lendemain. Oups ! Une deuxième grosse entorse. J’ai eu Michaël, le JD de Káposvár. Finalement, il va venir à Miskolc. Et finalement, il arrive aujourd’hui !

Barbie cérémonie


Mardi 30 avril

Bon anniversaire mon frère !

Comme c’est bon de pas se lever pour aller bosser… Ma mission, être au lycée Fáy András pour 16h, début du Ballagás - la fameuse cérémonie de fin d’année. Mais avant, accueillir Géraldine ! Cette vilaine part pour le lac Balaton avec Agnès, demain matin. Après un déjeuner ensemble, chacune part à son Ballagás… Comme c’est chouette la déco ! Toutes les rambardes et toutes les fenêtres sont recouvertes de lila. Tonalité violette, agrémentée d’une odeur bien étonnante pour des couloirs qui d’habitude, bein, ça sent moins bon… Je retrouve tous les élèves du lycée en uniforme, là pour accueillir les parents des dernière année, en rang plus ou moins bien ordonné pour montrer le chemin dans la cour du lycée. Une cloche sonne, solennellement. Ça y est, les 13 font leur apparition, et parcourent le chemin tracé par les autres élèves, sous les flashs crépitants des parents, émus jusqu’au larmes. Après, ça devient moins drôle… Des discours, des poèmes, des chansons tristes, je m’ennuie. Je comprendrais quelque chose, je m’ennuierais aussi à mon avis. Vu la tête de mes loulous, j’en suis même sûre. Heureusement, j’ai de quoi faire mumuse avec mon appareil photo. Pis je retrouve Rita, ma perle de 12/A, sa maman, très sympa, et la grande sœur de Szusza, une de mes élèves de 13. Elle parle français, elle aussi. Du coup, on papote beaucoup, et ça passe plus vite !
Je finis ma journée trop difficile avec les filles, Francine et Miguel. Tranquille et sympathique.

Mardi 29 avril

Drôle de journée ! Mais d’abord hier soir… J’ai attendu gentiment, devant la téloche, pendant un sacré moment. Quoi ça ? La sérénade des dernière année de Fáy András ! Et ouais, ça y est, j’ai eu une sérénade, moi ! Avec bougies, chansons, la totale ! Bon, c’était loin d’être romantique... La troupe était déjà légèrement éméchée et allègrement déchaînée ! Je crois que tous les voisins auront compris comment je m’appelais… Après les chansons, l’acclamation, hum ! « Ca-mille ! Ca-mille ! » Je les ai donc vite invités à monter boire un coup ! Tibi avait pensé à m’apporter la palinka artisanale du papa. Très bonne ! Mon appart’ m’a semblé tout petit avec la vingtaine de loulous dans le salon. Enfin, les festivités n’ont pas duré car ils avaient une grosse tournée à faire ce soir-là. Onze profs à voir, j’étais la cinquième… Et encore, ils m’ont expliqué qu’ils allaient finir la nuit au gymnase du lycée, à festoyer pour la dernière fois ensemble, en tant que classe, que petite famille, puisqu’ils ont ensemble depuis cinq ans. Moi, cette fiesta-minute, ça a du me perturber mon cycle… Ce matin, je m’éveille doucement, c’est bizarre autant de soleil, c’est bizarre autant de voix au dehors… Bordel de cul de mammouth ! Il est 8h58 ! J’ai cours dans… enfin depuis… 1h ! Et le temps que je prépare, la deuxième heure sera finie aussi ! Oh bordel… Je cours donc. Et j’essaie de réfléchir au bateau que je vais bien pouvoir monter. Quand j’arrive, personne dans les couloirs. Personne en salle des profs. Là je ne panique plus, je me dis que je dois sûrement dormir encore, rêvant le pire pour mieux apprécier ma vraie matinée qui va bientôt commencer. C’est sûr. Et puis des cris, venant des terrains de sport, derrière le lycée. Tout le monde est là ! Au soleil ! A regarder un match de foot élèves de 13 contre les profs de sport… Je croise enfin les élèves que je croyais avoir lâchement abandonné ce matin. « Bah alors Camille ? Ce texto tout penaud, c’était quoi ? On avait pas cours tu sais ! » Aaaah, d’accord. Bon, bah je vais faire péter les lunettes de soleil et apprécier alors ! Chapeau aux élèves, parce qu’après la nuit qu’ils ont passé, ça doit pas être facile. D’ailleurs, ils perdent.
Après cela, la journée se déroule enfin comme de coutume, et je donne mes cours, comme si de rien n’était. Bien fait de choisir ce jour pour être en retard… Mais le grand-huit émotionnel n’en a pas fini avec moi. Non, non, non, loin de là. A 14h30, j’ai rendez-vous avec le directeur du département FLE du CAVILAM. Et oui, j’ai bien accroché avec le directeur général, lors de la formation du 17 avril. Sur son conseil, j’ai envoyé mon CV. Et depuis, j’angoissais pour ce fameux jour de l’entretien téléphonique. Ça y est, j’y suis. J’appelle depuis l’Alliance. Enfin j’essaie, parce qu’avec Raymond la piplette, et le téléphone qui déconne, je suis pas bien concentrée, là ! Bon, c’est parti. On parle, on se fait même des blagounettes, et hop il finit par dire « Ok, c’est bon pour moi ! ». Il a dit quoi là ? C’est bon pour moi ? Hystérie intérieure, bouillonnement de joie ! J’ai un boulot pour cet été dans le centre de référence, la capitale du FLE, le temple de la pédagogie. Dur ensuite de rester collée à ma chaise pour le traditionnel café avec Agnès. Elle aussi elle a une bonne nouvelle. Pendant que je vais passer ma semaine de vacances ici, à avancer mon foutu rapport de stage elle, part au lac Balaton avec Géraldine, dans une super auberge, à deux pas de la plage. Bref, chacun sa joie ! Enfin, j’ai une carte planquée dans ma manche pour renchérir : Je suis déjà en vacances ! Avec la cérémonie de demain pour les 13 – c’est la dernière, après on les voit plus, promis – il n’y a pas cours. Pour mercredi, j’ai donc seulement une petite fête de prévu. Dur. Ce soir, je rentre donc chez moi toute guillerette, avec mes bouquets de lilas et de muguets à la main. Bucolique. Et voui, y’a des élèves qui pensent à moi et qui cueillent des fleurs de leur jardin à mon attention. Charming, isn’t it ?